CHRONIQUE (2022). Si le groupe Serpent a été créé d’abord pour se faire plaisir, il en donne aussi pas mal grâce à une formule choc : des morceaux en anglais tendus comme des strings où se mélange un groove entêtant à la rage communicative du post/punk. La collision réussie, ou plutôt la collusion parfaite entre James Brown et Joy Division.
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… C’EST QUI ? C’EST QUOI ?
Après avoir évolué en groupe (avec Asyl, formé à La Rochelle), puis en solo (Lescop = deux albums en solo), Mathieu Peudupin a (re)trouvé le plaisir du collectif en devenant le chanteur de Serpent, un combo rock parisien formé en 2020 et très influencé par les sonorités post-punk et funky de glorieux anciens comme Gang of Four, ESG, Talking Heads, etc., assurant notamment la première partie en concert de White Lies. En interview, le groupe évoque, en mode très 2èmedegré, son « funk de contrefaçon » pour évoquer son 2èmeEP, un 6 titres enregistré sous l’influence des belges de Soulwax et des new yorkais de LCD Soundsystem. Ce qui est vrai (« sans contrefaçon » pour rendre justice à notre Mylène Farmer nationale), évident même, c’est que la musique de Serpent vise beaucoup moins le cœur et le cerveau que votre pelvis ou vos gambettes, avec une ambition très prosaïque : vous faire gigoter sans se poser de question sur la validité de votre électro-encéphalogramme. Tant que celui-ci tient le coup !
… ET C’EST COMMENT ?
Jubilatoire ! Le premier EP, un 4 titres baptisé Time for Rethinket sorti fin 2020 avait donné le ton avec en avant-centre le morceau Distant Call, aussi agaçant qu’entêtant, crachoté par Mathieu. Une musique diffusant une forme de malaise mais aussi une sorte de rage blanche plus qu’une colère noire, vous précipitant sur le dancefloor. D’ailleurs, un remix electro bien tapé de Distant Call(The Populists « Serpent Cosmique » Remix, sachant qu’Yvan Wagner se dissimule sous ce nom de The Populists) sorti peu après permettait de s’assurer du potentiel extrêmement discoïde de la formation dédiée aux reptiles, propulsant ce titre sous les boules à facette. Mais… Et ce deuxième EP ? De la bombe, bébé ! Imaginez qu’un médecin fou tente de vous trépaner pendant que ses assistants vous envoient à intervalles réguliers des décharges d’adrénaline, cela pourrait vous donner une petite idée que l’effet provoqué par l’entêtant Lonely Freak. Tandis que le funk blafard de Don’t Waste My Time en ouverture convoque tout à la fois les fantômes des mancuniens de Joy Division, les spectres bien vivants des new yorkais de Talking Heads, et l’esprit toujours vivace de Gang of Four. Juste irrésistible ! Plus loin le métronomique Dysfunktionvous catapulte sur n’importe quelle piste aux étoiles, et vous transforme en machine à groover. On passe rapido sur les pourtant très honorables Zombies, et Ice Age pour s’arrêter sur l’impeccable Cold Sweatqui vient parachever ce minidisque commando et le conclure en mode post-punk, comme si les B-52’s venaient sautiller en cadence tandis que The Cure et Tom-Tom Club venaient se faire la courte échelle, et se tirer par la barbichette le temps d’une scie sauteuse de 3’24’’ !
Frédérick Rapilly
Cote d’amour = 80 %
POST-PUNK. Dysfunction, Cobra Corp. / En téléchargement 2,99 E
A rapprocher de : LCD Soundsystem, The Rapture, !!!, Tristesse Contemporaine…