Belaya Polosa - Molchat Doma 🎹
Cote d'amour = 39 % 🤨🤨
RÉTRO-CHRONIQUE (2024). Premier groupe biélorusse à accéder à une très relative notoriété dans l’Hexagone, mais certaine, sinon Molchat Doma (qui semble pouvoir se traduire par « Les Maison Silencieuses ») ne se produirait pas à l’Olympia, ce trio signé sur le label américain Sacred Bones Records (The Soft Moon, David Lynch, Zola Jesus) publie avec Belaya Polosa son quatrième album. On ne va pas se mentir, on a déjà entendu ce genre de musique, une sorte de cold wave sacerdotale mâtinée d’electro indus, le tout servi par le chant maniéré d’Egor Shkutko. On y entend au choix des réminiscences de Front 242, Front Line Assembly, un peu de Depeche Mode et de The Cure, et de lointains échos de Joy Division, Egor rêvant de voir apparaître à l’un de leurs concerts au choix Robert Smith ou Dave Gahan. Le premier titre, Ty Zhe Ne Znaesh Kto Ya, se la joue boydbuilding et tabasse d’entrée sans pour autant totalement convaincre. Le suivant, Kolesom, évoque plutôt A Split Second mais peine aussi à décoller. Comme si le groupe, écrasé par toutes ses références certes prestigieuses, tournait en rond. On passe sur le titre Son, anodin, pour s’arrêter sur Belaya Polosa. Sur un tempo lent, le morceau évoque un inédit (en biélorusse, évidemment) de Depeche Mode, tombé au cul du camion à l’époque de Black Celebration et récupéré, dépoussiéré en douce par Molchat Doma. Pas désagréable mais quand même très connoté. Le reste de l’album est à l’avenant (Chernye Cvety, III, Ne Vdvoem, Ya Tak Ustal, Zimnyaya), sans grande consistance, et provoque quelques bâillements chez l’auditeur peu stimulé. Si vous avez décidé d’apprendre le biélorusse (à moins qu’Egor chante en russe ?), et que vous n’arrivez pas à télécharger la méthode Assimil adéquate, tentez le coup avec ce disque. Si ce n’est pas le cas, glissez un ou deux titres sur une de vos playlists gothiques ou « doomers » à côté d’un morceau d’un groupe brésilien ou japonais de coldwave ou de synth pop, juste pour avoir l’impression de voyager à travers le monde en musique. Cela devrait suffire. Quant à Robert Smith ou Dave Gahan, ils ont sans doute des choses plus passionnantes à faire qu’à revisiter leur passé avec des admirateurs certes énamourés, mais un peu dépassés.
Frédérick Rapilly
- Chez Sacred Bones Records, disponible en numérique, CD et vinyle (dispo depuis le 6 septembre 2024)