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DISKÖ-MANIAC

DISKÖ-MANIAC

Rock, pop, electro, techno, metal, reggae, dub, chansons françaises... Bref, tout ce qui fait du bruit m'intéresse. C'est quand je veux, où je veux... Je publie mes chroniques, billets d'humeur, interviews éventuelles, décryptage, etc. En toute mauvaise foi... Bien sûr ! Frédérick Rapilly


The Wolfgang Press … Et danser, tout en cauchemardant !

Publié par FRAP sur 24 Juillet 2022, 18:46pm

Moins exposés au mi-temps des années 80 que Cocteau Twins ou X-Mal Deutschland, ce groupe londonien sans doute trop masculin (pas de chanteuse !) a longtemps œuvré dans une ombre relative avant de connaître un court succès en Amérique. Mais il a peut-être annoncé - sans le savoir - le tournant plus « dense » que « dance » de Massive Attack.

 

Je ne sais plus très bien si c’est par l’ouïe ou l’œil que j’ai fait d’abord connaissance avec The Wolfgang Press (TWP), mais dans mon souvenir il s’agissait d’un disque 33 tours, une compilation de plusieurs artistes protégée par une sorte de housse transparente en plastique : l’album s’appelait Abstract 5, et se présentait avec un visuel bizarre de couleur verte, un type qui semblait hurler tout en étant attaché. Je ne sais plus comment j’étais tombé dessus, mais le lieu, je m’en souviens : il s’agissait de la Fnac des Halles à Paris où j’allais faire des razzias (limitées, vu mon petit budget) dans les années 80. Je devais avoir 16 ou 17 ans, et je recherchais des « trucs » que je ne pouvais pas dénicher et donc entendre en Bretagne, dans ma petite ville de Vannes. Je suis allé vérifier sur Discogs les noms des groupes présents. Il y avait notamment Colourbox avec le titre Manic, un groupe de 4AD qui m’intéressait particulièrement à l’époque, mais aussi Swans, Cindytalk, Test Dept, Gene Loves Jezebel, And Also The Trees et Nyam Nyam dont j’aimais bien le nom. Et puis en 2èmeplace de la face A, cet autre nom, étrange, attirant : The Wolfgang Presse. Avec un titre, inquiétant : Fire Eater. Voilà comment je crois avoir fait connaissance avec ce groupe. Leur son, leur nom, ont commencé à m’obséder. Et cela allait de pair avec mon intérêt croissant pour le label 4AD dont je découvrais les sortie : Clan of Xymox, This Mortal Coil, Cocteau Twins, X-Mal Deutschland, Modern English, Dead Can dance et Colourbox… Autant de groupes qui arrivaient à me mettre mal à l’aise tout en me procurant de sensations incroyables. L’adolescence… Mais The Wolgang Press me semblait encore plus à part. Impossible, à l’époque, de passer un de leurs morceaux dans une soirée. Le titre Cut The Tree qui figurait sur la compilation 4D, Lonely Is An Eyesore, avait tout pour filer le bourdon avec son chanteur Michael Allen qui semblait psalmodier devant un paysage de fin du monde, avec des marécages troués par des puits de pétrole en feu (visuellement, c’est ce que m’évoque la chanson), pas si loin finalement des incantations de Peter Murphy de Bauhaus. J’ai donc patiemment guetté les maxis du groupe (Scarecrow, Water…) avant de mettre la main sur leur premier album : The Burden of Mules. Qu’est-ce qui me plaisait dans ce disque ? Sûrement le fait que je n’y comprenais rien… Il y avait des percussions tribales, des nappes de synthés, et un type qui répétait « Prostitutes are the spice of lifes / Prostitutes are the spice of life, the spice of life… » Tout était bizarre, dissonant, et en même temps attirant. Plus loin, le chanteur se mettait à brailler comme un dératé. Depuis, j’ai appris que le groupe composé par Michael Allen et Mark Cox (rejoint plus tard par Andrew Gray) avait été grandement influencé par le Metal Box de P.I.L. et que diverses revues avaient qualifié l’album de « sombre et cacophonique », ou de « tellement morose et véhément, qu’il était proche de l’autoparodie. » Moi, je sais juste qu’il me faisait de l’effet. J’ai donc continué à suivre The Wolfgang Press (Quel putain de nom ! Rien à voir avec Wolfgang Amadeus Mozart, mais tout à voir avec le comédien allemand Wolfgang Preiss, alias Dr Mabuse) au fil des ans, et lorsque j’ai mis la main, sans doute au moment de sa sortie en 1986, sur leur nouvel album, The Standing Up Straight, j’ai jubilé. Dès le premier titre, l’incroyable Dig a Hole qui semble vouloir vous « creuser un trou » direct dans le cerveau, une sorte d’hymne post-punk martelé, trépané, mais dans lequel on trouve des micro-moments de félicité. Et puis, il y a ce morceau qui n’a cessé de me hanter, Hammer The Halo, qui me rappelle encore par son côté solennel les mélopées du projet This Mortal Coil et annonce (de mon -petit- point de vue) les trouvailles sonores de Massive Attack sur l’album Mezzanine. Le titre a un côté hypnotique, fascinant. Plus loin, pour conclure le disque, il y a le mystérieux, nébuleux et déchirant I Am the Crime sur lequel Elizabeth Frazer (Cocteau Twins) vient poser sa voix en contrepoint de Michael Allen, faisant parfois de simples vocalises, et d’autre fois ressemblant à une vestale antique. Moi, j’imaginais que c’était la chanson qu’aurait pu chanter Jack L’Éventreur, en émergeant d’un brouillard londonien. Après ces deux premiers disques, écorchés, écorchants, The Wolfgang Press commence à évoluer vers autre chose, un peu comme New Order ayant découvert grâce aux synthés et aux programmations, l’art de pouvoir faire danser tout en faisant pleurer. Sauf qu’avec The Wolfgang Press, ce serait plutôt l’art de vous faire danser tout en continuant de vous faire cauchemarder (Raintime ou Kansas sur Bird Wood Cage). Le « succès », le groupe va le connaître avec l’album Queer, sorti en 1991, et surtout le single A Girl Like You, un mignardise qui, semble-t-il, s’est classé suffisamment haut aux Etats-Unis dans les charts Modern Rock (N*2), pour que The Wolfgang Press goûte son quart d’heure de gloire Outre-Atlantique. J’avoue que j’avais un peu lâché de mon côté, occupé à découvrir bien d’autres choses, notamment la vie, mais aussi les rave-parties et l’electro, mais je me souviens d’un titre excellent, beaucoup plus funky que gothique, Mama Told Me Not To Come. Juste groovy. Avec cette petite pointe menaçante propre à The Wolfgang Press. Globalement, l’album Queer reste un petit bijou d’electro-rock avec des titres percutants comme Honey Tree, Heavens Gate, ou encore l’irrésistible Question of Time. Il y aura encore un dernier album qui sortira estampillé TWP, Funky Little Demons, mais ce sera le chant du cygne. Le groupe a fait son temps, d’ailleurs Cox le quitte peu après la publication de cet ultime album. Il y a pourtant quelques titre qui font encore leur (petit) effet comme le foudroyant Executioner (comme si Depeche Mode et Gang of Four s’étaient acoquinés le temps d’une panouille), dense et dance. Sans Cox, TWP s’étiole vite. Les curieux iront laisser traîner un oreille sur un mini album 6 titres, Unremembered Remembered, publié en août 2020. Qu’est-ce qu’il reste alors de ce groupe ? Quelque chose, comme un « passager noir » (cf. la série Dexter) embarqué dans une musique qui, avec le temps, paraissait de plus en plus propre et accessible mais continue de transporter une menace, un orage prêt à s’abattre sur nous, pauvres Terriens, et qui aurait été repris plus tard par Massive Attack, qui, d’ailleurs fera aussi appel à Elizabeth Frazer sur trois titres de l’album Mezzanine. Coïncidence ? Non, plutôt, une forme d’évidence.

  

 

Frédérick Rapilly

 

Catalogue sur 4AD

The Wolfgang Press … Et danser, tout en cauchemardant !
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S
Bonjour,<br /> J'ai fait trois featurings sur l'album "Funky little demons", donc il y a eu quelques femmes..(suis poétesse et performeuse à présent, ce fut une jolie expérience en studio avec John Drostan aux manettes)
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S
Bonjour,
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P
top !
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