Il y a un côté tendu et en même temps très élastique chez Les Lignes Droites, comme si le groupe arrivait à vous précipiter sur le dancefloor tout en vous corsetant dans une armure. Ca marche parfaitement sur l’énervant Tous des Karl, encore plus sur l’impitoyable Détends-toi qui vous donne d’emblée envie de vous jucher sur un immense ballon de caoutchouc, de vous y harnacher solidement et de rebondir en rythme à l’infini en faisant des mouvements de menton débiles pour marquer le tempo. Si Les Lignes Droites et leur chanteur Bruno Ronzani se confiaient sur ses références, à côté de Joy Division et plus tard, Colder, on trouverait peut-être (sûrement même !) le duo de la fin des années 80, D.A.F. (Deutsch-Amerikanische Freundschaft) et leur proto-electro bodybuildée, salopée par un peu de post-punk. Le quintette parisien arrive à (re)susciter le même genre de sentiments/sensations ambivalent(e)s : les jambes ont envie de tricoter tandis que la tête voudrait écouter. C’est patent sur le martial T’es où dans le graphe, ou encore le lancinant Laisse donc. Quant au morceau Mickey Mickey, c’est comme si un camion de 15 tonnes s’apprêtait à vous percuter à 130 km/h ! Autant vous dire que vous risquez de ne pas vous relevez complétement intact du choc annoncé. De là, à savoir de quel Karl (Lagerfeld ? Marx ? Popper ?) il est question, autant dans l’énoncé du titre de ce 2èmealbum que dans le morceau Tous des Karl, on vous laisse réfléchir (avec votre tête) pendant que vos membres inférieurs sont encore saisis d’une gigue infernale.
Frédérick Rapilly
- Karl, Velours /Modulor – Dispo en CD, vinyle et numérique