CHRONIQUE (2020). Cet islandais se rêvait lanceur de javelot jusqu’à ce qu’une blessure le ramène à la musique, quelque part entre ses compatriotes de Sigur Ros, le français Woodkid, les anglais de Radiohead ou les américains d’Other Lives. Avec ce nouvel album d’electro folk, Asgeir plane en haute altitude. Au plus proche de la stratosphère.
Il y a d’abord cette voix, haut perchée, nonchalante. Dès le titre Pictures qui ouvre avec élégance l’album Bury The Moon, le barde viking entraîne l’auditeur dans une sorte de voyage aérien, comme s’il était un de ces oiseaux de mer planant lentement au-dessus des océans et des terres. L’enchaînement avec Youth se fait en douceur, naturellement. Deux chansons qui prennent leurs aises, s’étendent, se replient, enveloppent. Quelques notes de piano… Puis arrive Breathe, qui fait penser par son climat mélancolique, à la bande son d’un film de Terrence Malick, un long métrage qui verrait le retour d’un homme assagi, apaisé, sur ses terres natales après un périple au bout du monde. Et toujours ce piano qui s’incruste, donne le ton, un peu triste de Lazy Giants, comme une mélopée sans espoir d’Asgeir (le titre fait référence à la crise financière qu’a connu l’Islande en 2008). Heureusement, pour ceux qui découvriraient l’univers d’Asgeir, tout n’est pas noir ou gris, le morceau Overlay déclenche des images de nature verdoyante, de petits angelots, de fées et d’elfes tournoyant dans l’herbe (bien sûr, c’est très subjectif). Le disque s’achève sur un petit bijou, délicatement ouvragé et pourtant très simple, Bury The Moon, ballade électro folk soutenu par une rythmique jungle qui me fait penser à Harrodown Hill, un des morceaux phares de Thom Yorke. La boucle est bouclée. Et le disque repart, encore et encore. La bande son idéal pour rêvasser, bâtir des châteaux en Espagne (ou des chaumières en Islande).
Frédérick Rapilly
Cote d'amour = 80 %
Pop. Because Music, 11,99 E (9,99 E en téléchargement)