CHRONIQUE (2019). Solennelle, la néo cold-wave des Rennais de Tchewsky & Wood ne fait pas dans la dentelle. Un premier album solide et cohérent qui n’est pas sans évoquer, rien que pour la voix de Marina, sa chanteuse, des formations prestigieuses comme Siouxie & The Banshees ou encore X-Mal Deutschland.
Les précurseurs en Bretagne des Rennais de Tchewsky & Wood (alias Marina Keltchewsky et Gaël Desbois) avaient, ou ont toujours, pour noms : Marquis de Sade (qui enregistre actuellement un 4ème album studio), End of Data ou encore Complot Bronswick. Trois groupes à part en France, rock, post-punk ou cold-wave, qui sont allés puiser leurs sources d'inspirations musicales et esthétiques (un peu) en dehors de l'Amérique lointaine, et de la Grande-Bretagne si proche, quelque part en Europe. Un peu intello aussi, à leur manière. Exigeants, quoi ! En 2019, à sa façon, martiale, froide et robotique, portée par la voix de pythie de la chanteuse et comédiennes Marina Keltchewsky, des guitares épileptiques, et des beats hypnotiques, le duo (trio, en fait, avec le guitariste Maxime Poubanne) Tchewsky & Wood s'inscrit dans cette tradition. Après un mini-album remarqué début 2018, Chapter One, sur lequel figurait déjà le troublant Lion (In A Soviet Zoo)psalmodié en anglais, le groupe passe à la vitesse supérieure avec cet album soigné et racé. Dix titres d'inspiration cold-wave qui rappelleront aux amateurs les incantations de Siouxie & The Banshees (écoutez Carnival Girl ouLove, She Said), ou la puissance d'une formation aujourd'hui un peu oubliée comme X-Mal Deutschland (sur Burning Water). Cela ne respire pas la joie mais, pour avoir vu le groupe sur scène en 1èrepartie des Young Gods, on peut témoigner que Tchewsky & Wood sait émouvoir le public, voire l’entraîner dans une danse morbide endiablée (Twist). Le disque s’achève de façon énigmatique sur un titre chanté a capella, Ashun Daje Mori. Un classique évoquant la « malédiction » frappant le peuple gitan. Et au jeu des comparaisons, l’on verrait ou plutôt entendrait bien Marina mêler sa voix à celle contralto de Lisa Gerrard de Dead Can Dance. D’ailleurs, Brendan Perry, l’autre moitié du duo DCD, vit en Bretagne depuis bientôt quatre ans. Le monde est vraiment tout petit.
Frédérick Rapilly
Cold-Wave. Tchewsky & Wood, Live Bullet Song, Reptile Music
Titre coup de cœur : Four-Finger Ballerina