Johnny Marr / Set The Boy Free (2018)

CHRONIQUE LIVRE (2018).

... C'EST QUOI L'HISTOIRE ?

C'est l'histoire d'un petit garçon qui, sans explication logique, tombe amoureux d'une guitare. C'est aussi l'histoire d'un petit gars de Manchester, fils de descendants d'Irlandais (forcément pauvres !), qui a l'intuition ou plutôt le désir fou de créer un groupe, un vrai, pour faire rayonner sa musique à travers l'Angleterre, le Royaume-Uni, puis le reste du monde. Ce groupe, ce sera The Smiths. Avec pour chanteur l'ineffable Morrissey avec qui Johnny Marr raconte dans ces pages, sa rencontre aussi improbable que logique pourtant. Quatre albums en studio avec les Smiths, des tubes qui aujourd'hui encore hystérisent les fans (presqu'au hasard, How Soon is Now ?, What Difference Does It Make ?, Bigmouth Strikes Again...), des concerts et des fleurs, des polémiques, une séparation et un procès... Mais l'histoire de Johnny Maher, le petit garçon qui trouvait que son nom de famille ne faisait pas assez rock star, ne s'arrête pas là. The The, The Pretenders, le groupe Electronic, Modest Mouse (numéro 1 aux Etats-Unis), The Healers, The Cribbs, la bande originale du film Inception de Christopher Nolan avec Hans Zimmer... Mais aussi les Talking Heads, les Pet Shop Boys. Voilà pour une liste non-exhaustive des collaborations du guitariste devenu chanteur solo au début des années 2010 (3 albums). A 55 ans, l'ancien vendeur élégant de fringues branchées qui changeait de coupe et de couleur de cheveux quasi toutes les semaines, vient de sortir mi-décembre une reprise de Summer in The City des Lovin' Spoonful avec son pote Matt Johnson (The The). Pour rien, pour le fun...

... ET C'EST COMMENT ?

Ecrit sec, dense, bourrée d'informations, cette autobiographie signé Johnny Marr se déguste, en particulier les années d'innocence, seules qui comptent le plus, lorsqu'il raconte son parcours initiatique, sa volonté farouche de monter un groupe qui tienne la route. Curieusement, sa relation avec Morrissey, si elle bien documentée, est presque survolée. Comme si Johnny ne tenait pas trop à rentrer dans le détail de ce qui faisait (ou pas) leur amitié, leur complicité. Il s'étend beaucoup plus sur celle qui l'unit, avec ses hauts et ses bas, avec le bassiste des Smiths, Andy Rourke. En creux, l'auteur, Johnny donc, ne dissimule une certaine arrogance, une attitude de défi qui l'aura toujours tenu un peu à part. Un bouquin assez passionnant, et très vivant, dont l'écriture sans être géniale est soignée, marquée par un sens de l'observation et de l'ironie assez développé. On y apprend ainsi qu'une rock-star peut décider aussi du jour au lendemain de devenir un coureur de fond, et s'entraîner à courir 15/20 kilomètres tous les jours, anonyme, avant un concert et aller jusqu'à faire un très bon temps au marathon de New York.

Frédérick Rapilly

Cote d'amour = 75 %

AUTOBIOGRAPHIE. Edition Le Serpent à Plumes, 348 pages, 23 Euros.