CHRONIQUE (2018). " Elle se maquille un peu trop... Elle rajuste ses bas / Et puis, elle s'en va..." Quelques mots, simples, psalmodiés par Alain Bashung sur Elle me dit les mêmes mots, un morceau tiré de cet album posthume, et voilà l'auditeur déjà saisi par la poésie tranquille de ce titre. Un texte signé Daniel Darc (ex Taxi Girl), autre magicien rocker disparu, lui, en 2013. C'est avec une infini délicatesse qu'Edith Fambuena (ex guitariste Les Valentins, et déjà collaboratrice d'Alain sur Fantaisie Militaire) a trié les morceaux enregistrés, choisi les prises, et élaboré ce nouveau disque qui s'il n'en est pas vraiment un, plutôt une collection de chansons, n'en demeure pas moins impressionnant.
D'emblée, le titre Immortels en impose. Si le morceau, écrit par Dominique A. avait déjà été enregistré sur disque par l'auteur du Courage des Oiseaux, cette version Bashunguesque prend forcément une autre résonance quand on l'entend déclamer "As-tu vu ces lumières ? / Toutes ses larmes épuisées..." quasi dix ans après sa mort. Onze titres tous aussi précieux les uns que les autres qui s'achève en majesté sur "Nos âmes à l'abri" dont les sonorités célestes et l'amplitude évoquent l'un de ses plus beaux titres, le mystérieux "Un âne plane." Un faux-vrai album qui infuse et se diffuse, comme une fumée d'opiacée, une prière d'un vieux shaman halluciné. Ensorcelant.
Frédérick Rapilly
En Amont (Barclay)
Côte d'amour = 90 %