CHRONIQUE (2018).
"TOUTE LATITUDE"
... C'EST COMMENT ?
Des mélodies dansantes et faussement bancales (Désert d'Hiver...), comme si un danseur sur la piste d'une vieille discothèque était à deux doigts de s'effondrer, des textes corrosifs mais qui touchent au coeur (La Mort d'un Oiseau...), une tension que vient faire soudain dérailler une drôle de gimmick (Les Deux Côtés de l'Ombre)... Le nouveau disque de Dominique A s'écoute, puis se réécoute, puis s'incruste. Pour longtemps. Un truc bizarre qui s'infiltre, s'installe. Comme un malaise, ou plutôt une maladie transmissible. Un virus qui vous infecterait et réveillerait de multiples petites blessures, un serpent aux milles coupures...
Personnellement, et même s'il n'a pas grand chose à voir musicalement avec, Toute Latitude me fait penser par un je-ne-sais-quoi, des bribes de mélodies, une attitude butée, un côté "J'avance tête baissé", à la trilogie de The Cure (Seventeen Seconds, Faith, Pornography).
Album après album (12, sans compter ceux en public), le provinois (from Provins !) Dominique A. qui vit désormais à Nantes construit une oeuvre singulière, faisant des (grands) écarts assumés et des dérapages contrôlés entre la variété, la new-wave, l'electro et le folk. En toute liberté, il s'autorise ainsi, sur La Mort d'un Oiseau, un clin d'oeil au tube bricolo de ses débuts, Le Courage des Oiseaux. Ce disque s'achève sans apothéose mais avec honnêteté assumée sur Le Reflet, lent et mélancolique. Une sorte de valse triste, scandé ("Nous ne serons jamais légers...").
Douze titres comme autant de petits diamants noirs.
Frédérick Rapilly
Cote d'amour = 80 %